vendredi 20 mai 2016

Un hiver long et rude - Mary LAWSON

Pourquoi je le lis :


J'avais adoré les précédents romans de Mary Lawson, Le choix des Morrison et L'autre côté du pont. Je me suis donc dépêchée de me faire offrir celui-ci...

_____

 

En résumé (quatrième de couverture) :


Rien ne va plus chez les Cartwright. Alors qu'Emily s'apprête à donner naissance à son huitième enfant, qu'Edward, le père, cherche dans son bureau une échappatoire au chaos ambiant, que Tom, le fils aîné, s'enferme dans la dépression, Megan, fille unique de la fratrie et mère de substitution de chacun, décide de voler de ses propres ailes. À vingt et un ans, l'heure est venue pour la jeune fille de se libérer des siens. Adieu le Grand Nord canadien, bonjour le swinging London !
 -
Pendant que Megan se cherche dans la Vieille Europe, les Cartwright, eux, tentent de survivre. Qui pour s'occuper du foyer, désormais ? Pour remplir le frigo ? Pour protéger Adam, quatre ans, et ses frères de la folie douce d'Emily, uniquement absorbée par son nourrisson et négligeant tout le reste ? Qui pour arracher Edward aux ruminations d'un passé qui le hante ?
 -
Accablé par la culpabilité depuis le décès de son meilleur ami, Tom, brillant étudiant, renonce chaque jour un peu plus à ses rêves... Et si le moment était venu pour lui d'assumer son rôle d'aîné ?
 -
Le silence qui étouffe les Cartwright peut-il être conjuré ? Et si le plus difficile, parfois, était l'espoir ?

_____

 

Mon avis :


J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman qui est bien plus sombre que ne le laissait penser sa couverture aux tons doux qui m'évoquaient plutôt des hivers rigoureux avec les soirées passées au coin de la cheminée.

Un hiver long et rude parle essentiellement de la famille qui apparaît ici comme une source de souffrance, une prison à laquelle on ne peut échapper. Pères violents, alcooliques, autoritaires ou démissionnaires ; mères au bord de la folie, incapables de s'occuper de leurs enfants ou obligées de renoncer à leurs principes pour leur assurer le minimum ; enfants livrés à eux-mêmes ou maltraités, etc. Personne ne semble épargner et les exceptions à cette vision si pessimiste de la famille sont tellement rares dans le roman...

Mary Lawson nous fait ainsi découvrir un autre visage de la misère humaine où l'argent n'est pas en cause mais où la solitude règne en maître, même au sein d'une famille nombreuse. Chacun se replie sur soi, préfère ignorer les autres et leurs problèmes et refuse de prendre sa part de responsabilité pour essayer d'arranger les choses au point que malgré une certaine aisance financière, toute la maisonnée s'enfonce dans la misère matérielle par simple négligence : insalubrité, faim,...

Mais le roman n'est pas tout noir et si le dénouement m'a paru franchement doux-amer, une lueur d'espoir s'immisce quand même dans le récit, en particulier à travers le personnage de Tom qui paraît enfin émerger de la dépression. Pour les deux autres narrateurs (car le roman est un récit à trois voix), l'avenir ne semble pas si lumineux, mais comme les choses sont amenées bouger avec le retour à la maison de la fille, on se dit que tout est encore possible...

A noter qu'on croise dans Un hiver long et rude Luke et Bo Morrison, deux des personnages principaux du roman qui m'avait fait découvrir Mary Lawson, Le choix des Morrison. Et l'histoire se passe à Struan, la même petite ville imaginaire de l'Ontario qui sert de décor au deuxième roman de l'auteur, L'autre côté du pont (peut-être ai-je aussi croisé ici certains personnages de ce roman, mais la lecture remontant à plusieurs années, la mémoire m'a fait défaut). J'aime beaucoup l'idée qu'un écrivain développe petit à petit, au fil de ses livres, un univers cohérent où peuvent se rencontrer les personnages des différents textes, où on apprend (même succinctement) ce qu'ils deviennent...

Une lecture bouleversante qui m'a donné envie de relire les autres romans de Mary Lawson...

________________________________________________

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire