Pourquoi je le lis :
Je suis tombée par hasard sur ce roman à la bibliothèque et la quatrième de couverture a retenu mon attention.
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En résumé (quatrième de couverture) :
Elles sont trois petites filles du plus haut lignage, issues des deux mariages du tyran Denys de Syracuse. Leur vie quotidienne, au début du IVe siècle av. J.-C., est rythmée par les récits et par les jeux, par l'apprentissage des mythes et de la musique, par l'admiration pour leur père et par la lointaine rumeur du monde des hommes qui parfois monte, troublante, enivrante, d'au-delà des remparts, portée par le vent de la mer. Car le jardin où elles grandissent est cerné de murailles, dressées sans doute pour leur protection, leur quiétude ou... leur réclusion ? Peu à peu, en effet, la belle ordonnance du jardin est brisée et les lois de l'inceste métamorphosent en tragédie cette chronique familiale par laquelle Claude Pujade-Renaud, poursuivant son interrogation sur les femmes et le pouvoir, confronte son intuition de romancière aux représentations de l'Antiquité.
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Mon avis :
Le jardin forteresse m'a permis de découvrir un auteur, Claude Pujade-Renaud, que je ne connaissais que de nom et dont j'ai beaucoup aimé la plume élégante et très évocatrice qui m'a tout de suite transportée à Syracuse, dans le jardin merveilleux qui sert de cocon aux trois filles du tyran Denys.
L'histoire qu'elle nous raconte ici est digne des plus sombres tragédies grecques avec son lot drames familiaux, d'intrigues amoureuses, de morts violentes, de complots politiques et d'affrontements idéologiques. Guerre, suicide, meurtre, inceste, viol, etc : on n'échappe à rien des pires atrocités que peut commettre l'homme et pourtant le texte reste étonnamment empreint de sérénité et de sensualité.
Le jardin forteresse, c'est aussi le portrait de trois femmes, trois sœurs, depuis leur enfance surprotégée dans le palais de leur père jusqu'aux années de maturité où elles ne peuvent plus compter sur personne, pas même sur leurs mères et encore moins sur leur père qui les offre en récompense à ses plus fidèles soutiens, son fils et ses frères, pour devenir leurs épouses.
Le texte est émaillé ici et là de récits tirés de la mythologie grecque qui apparaissent comme autant d'avertissements pour les trois jeunes filles qui devront affronter un destin que l'on sent marqué par la fatalité dès les premières pages du roman. On croise aussi au fil des pages des philosophes (Platon, Aristippe de Cyrène, Dion de Syracuse...) qui illustrent le fossé qui sépare l'idéalisme politique des penseurs et le despotisme caractérisant les dirigeants dès qu'ils s'emparent du pouvoir.
Le jardin forteresse aura donc été une belle découverte, assez éloignée de ce que je habituellement, mais que j'ai beaucoup aimé.